DICTYOPTÈRES

DICTYOPTÈRES

Les blattes et les mantes sont des Insectes à caractères relativement archaïques: leurs pièces buccales sont de type broyeur, leurs deux paires d’ailes, indépendantes, ont une nervation typique, à champ anal étendu; enfin, leur abdomen, précédé d’un métathorax très net, comporte dix segments bien visibles. À l’exception des ailes, qui sont absentes dans les premiers stades du développement, les larves ressemblent à l’adulte, et la croissance est progressive (type hétérométabole). Les larves proviennent d’œufs pondus dans une gangue très spéciale, l’oothèque. L’ensemble de ces caractères définit l’ordre des Dictyoptères.

La blatte

Anatomie

Les blattes – ou «cafards» ou «cancrelats» – (fig. 1) sont des Insectes fortement aplatis dorso-ventralement; leur pronotum, très large, cache presque entièrement la tête, qui se trouve en position quasiment hypognathe. Les antennes sont longues et multiarticulées; les pièces buccales sont broyeuses. Ce sont des Insectes rapides et agiles; leurs pattes, toutes semblables, sont adaptées à la course: les hanches sont allongées et les tibias armés d’épines. Les deux paires d’ailes sont indépendantes: les ailes antérieures, sclérifiées, forment élytres, mais leur nervation reste cependant très nette; au repos elles sont appliquées à plat sur le corps et recouvrent les ailes postérieures membraneuses qui se replient en éventail. La nervation, très primitive, est caractérisée par un champ anal très développé (fig. 2).

L’abdomen porte, sur le dixième et dernier segment, une paire de «cerques» bien visibles, formés d’une dizaine d’articles et richement pourvus de soies sensitives qui auraient une fonction non seulement tactile mais aussi olfactive et surtout auditive.

Les blattes sont omnivores. Le tube digestif comprend, à la suite de l’œsophage, un jabot volumineux, puis un gésier musculeux, comportant des dents cuticulaires qui constituent un dispositif de broyage et de filtration des particules alimentaires.

Ce gésier, ou proventricule, se poursuit par la «valvule cardiaque» qui fait saillie dans l’intestin moyen. Les tubes de Malpighi sont très nombreux (on en compte de 80 à 100). Les glandes salivaires très développées produisent une salive presque neutre contenant de l’amylase en abondance; l’intestin moyen produit les autres ferments: maltase, invertase, lipase, trypsine, érepsine. Certaines cellules graisseuses sont transformées en organes symbiotiques (cellules à bactéroïdes): leur cytoplasme est rempli de bactéroïdes (Blattobacterium Cuenoti ) dont le rôle n’est pas défini, car des blattes stérilisées ont pu être élevées sans aucune difficulté.

Reproduction

Les organes reproducteurs des deux sexes se compliquent, chez les blattes, de nombreuses glandes accessoires qui participent à la formation du spermatophore pour le mâle et de l’oothèque chez la femelle. Cette oothèque, caractéristique de tous les Dictyoptères, consiste chez les blattes en une sorte de capsule fortement cornée, qui possède sur la face dorsale une longue crête denticulée au niveau de laquelle se fera l’éclosion. L’intérieur de la capsule est divisé, perpendiculairement à la crête dorsale, en petites loges verticales contenant chacune un œuf (fig. 3). La taille, la forme et la disposition de la crête dorsale varient selon les espèces. Le nombre d’œufs contenus dans une oothèque varie de 6 à 50 environ, selon les individus et selon l’alimentation. L’oothèque se forme au moment de la ponte mais n’est pas déposée immédiatement; elle reste engagée entre les derniers segments abdominaux de la femelle qui peut la porter ainsi un certain temps, parfois presque jusqu’à l’éclosion. La viviparité a été signalée chez de nombreuses espèces parmi lesquelles il faut citer Blabera fusca , souvent élevée en laboratoire. Dans ces cas, l’oothèque est réduite à une mince membrane transparente et l’incubation se fait dans la grande poche incubatrice ventrale. Chez Diploptera dytiscoïdes , Hagan a même montré que l’œuf est pauvre en vitellus et que l’embryon possède sur le premier segment abdominal des pseudopodes très développés qu’il utilise pour prélever à l’extérieur les éléments nécessaires à son développement.

Éthologie

Les blattes sont des Insectes surtout tropicaux ou subtropicaux, mais certaines espèces se sont adaptées à la vie dans les habitations humaines où elles trouvent à la fois une température suffisante et une nourriture abondante. En effet, l’optimum thermique de nos blattes communes (Blatta orientalis , Blattella germanica ) est situé aux environs de 20 ⁰C. Cette température est la plus favorable aux mouvements, à la nourriture et à la reproduction. Wille a montré que la blatte germanique subit un engourdissement à + 10 ⁰C et une véritable torpeur à + 4 ⁰C; cette espèce peut cependant supporter de grands écarts de température allant de 漣 7 ⁰C à + 44 ⁰C. Au repos, les blattes montrent un thigmotactisme accentué qui les pousse à se réfugier dans les fentes étroites. Ce sont des Insectes nocturnes et lucifuges. Mais le comportement des blattes, étudié à l’actographe, montre que cette activité nocturne n’est pas continue: les périodes de plus grande activité sont placées au début de la nuit et à l’aube.

Les blattes sont généralement considérées comme des Insectes nuisibles, bien qu’elles soient parfaitement inoffensives pour l’homme. Leur puissance de multiplication en font toutefois des hôtes indésirables, capables de s’attaquer aux produits alimentaires, car ce sont des insectes omnivores qui acceptent aussi bien les nourritures animales que végétales, même s’ils préfèrent ces dernières. Certaines blattes américaines sont xylophages (Cryptocercus ) et Cleveland a trouvé dans leur intestin des Flagellés Hypermastigines appartenant à plus de vingt espèces. Les blattes sont souvent élevées en laboratoire car elles constituent un excellent matériel pour l’expérimentation. On a observé, chez elles, une certaine faculté d’éducation; on a montré en particulier qu’elles apprennent à s’orienter au milieu d’un labyrinthe et qu’elles peuvent arriver à faire une distinction entre la droite et la gauche (Chauvin).

Classification

Les Dictyoptères sont divisés en deux sous-ordres: Blattides et Mantides.

Blattides

Les blattes comptent parmi les Insectes les plus anciennement connus, car elles existaient déjà au Carbonifère. À cette période, elles montrent déjà une grande quantité de types, ce qui prouve que le groupe était en pleine évolution. Dans la faune actuelle, elles comptent environ 2 500 espèces répandues surtout dans les contrées tropicales.

Il n’existe dans nos pays que quelques espèces indigènes, vivant le plus souvent dans les bois et appartenant au genre Ectobius , répandu dans toute la France, ou sous les pierres comme Loboptera decipiens , espèce du littoral méditerranéen.

Les blattes domestiques sont des espèces cosmopolites, d’origine incertaine. La blatte germanique (Blattella germanica ) mesure 11 à 12 mm; elle est de couleur roussâtre avec deux bandes longitudinales sur le pronotum; ses élytres bien développés chez les deux sexes sont plus longs que le corps. La blatte orientale (Blatta orientalis ), connue partout sous le nom de cafard, mesure 20 à 25 mm; elle est de couleur uniformément sombre. Les élytres du mâle sont plus courts que le corps. La femelle est presque aptère; les élytres sont latéraux et très réduits mais encore plus longs que les ailes. La blatte américaine ou cancrelat (Periplaneta americana ) abonde surtout sur les bateaux et s’établit parfois dans les ports, mais s’acclimate difficilement à l’intérieur des maisons. C’est un insecte de 25 à 32 mm à élytres et ailes bien développés

chez les mâles et chez les femelles. Blabera fusca est une espèce géante d’Amérique centrale, souvent élevée en laboratoire.

Mantides

Les mantes religieuses (fig. 4) sont de grands Insectes répandus surtout dans les régions chaudes. Leur aspect bizarre et leurs mœurs carnassières sont connus. Leurs pièces buccales, leur nervation alaire sont celles des blattes; leurs œufs sont enfermés dans une oothèque comme chez les Blattides. Mais leurs pattes antérieures (pattes ravisseuses) sont adaptées à la capture des proies. Les hanches très longues se logent au repos sous le prothorax, lui-même démesurément allongé. Le tibia, en forme de lame munie de dents et terminé par une longue épine courbe, se replie sur le fémur, lui-même garni de deux rangées d’épines; seul le tarse n’est pas transformé. Il faut noter sur la face interne du fémur l’existence d’une petite brosse que l’insecte humecte de salive et passe fréquemment sur sa tête et ses yeux.

L’accouplement des mantes est également digne de remarque, car il n’est pas rare que le mâle soit mangé par sa compagne, aussitôt après ou même pendant la copulation.

dictyoptères

n. m. pl. ENTOM Ordre d'insectes des régions chaudes et tempérées comprenant les blattes et les mantes.

— Sing. Un dictyoptère.

dictyoptères [diktjɔptɛʀ] n. m. pl.

ÉTYM. D. i. (XX^e); du grec diktuon « filet, réseau », et -ptère.

❖

♦ Zool. Ordre d'insectes comprenant les blattes et les mantes. — Au sing. || Un dictyoptère.

➪ tableau Classification des insectes.

Encyclopédie Universelle. 2012.